A L’Hirondelle

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Fille de Pandion, ô jeune Athénienne,
  La cigale est ta proie, hirondelle inhumaine,
  Et nourrit tes petits qui, débiles encor,
  Nus, tremblants, dans les airs n'osent prendre l'essor.
  Tu voles; comme toi la cigale a des ailes. 
  Tu chantes; elle chante. À vos chansons fidèles
  Le moissonneur s'égaye, et l'automne orageux
  En des climats lointains vous chasse toutes deux.
  Oses-tu donc porter dans ta cruelle joie
  A ton nid sans pitié cette innocente proie? 
  Et faut-il voir périr un chanteur sans appui
  Sous la morsure, hélas! d'un chanteur comme lui!

© André Marie de Chénier