Sonnet d'Oaristys

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Tu me fis d'imprévus et fantasques aveux
Un soir que tu t'étais royalement parée,
Haut coiffée, et ruban ponceau dans tes cheveux
Qui couronnaient ton front de flammes dorées.

Tu m'avais dit: "Je suis à toi si tu me veux";
Et, frémissante, à mes baisers tu t'es livrée.
Sous ta gorge glacée et sur tes flancs nerveux
Les frissons de Vénus perlaient ta peau nacrée.

L'odeur de tes cheveux, la blancheur de tes dents,
Tes souples soubresauts et tes soupirs grondants,
Tes baisers inquiets de lionne joueuse

M'ont à la fois, donné la peur et le désir
De voir finir, après l'éblouissant plaisir,
Par l'éternelle mort, la nuit tumultueuse.

© Charles Cros