Le matin (Morning)

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Moriturus moriturae !

Le voile du matin sur les monts se déploie.
Vois, un rayon naissant blanchit la vieille tour ;
Et déjà dans les cieux s'unit avec amour,
Ainsi que la gloire à la joie,
Le premier chant des bois aux premiers feux du jour.

Oui, souris à l'éclat dont le ciel se décore ! -
Tu verras, si demain le cercueil me dévore,
Un soleil aussi beau luire à ton désespoir,
Et les mêmes oiseaux chanter la même aurore,
Sur mon tombeau muet et noir !

Mais dans l'autre horizon l'âme alors est ravie.
L'avenir sans fin s'ouvre à l'être illimité.
Au matin de l'éternité
On se réveille de la vie,
Comme d'une nuit sombre ou d'un rêve agité.


Morning

The mist of the morning is torn by the peaks
  Old towers gleam white in the ray,
And already the glory so joyously seeks
  The lark that's saluting the day.

Then smile away, man, at the heavens so fair,
  Though, were you swept hence in the night,
From your dark, lonely tomb the owlets would stare
  At the sun rising newly as bright.

But out of earth's trammels your soul would have flown
  Where glitters Eternity's stream,
And you shall have wake 'midst pure glories unknown,
  As sunshine disperses a dream.

© Victor Marie Hugo